Tourcoing, St Christophe : Différence entre versions

De Orgues en Hauts-de-France
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Visites et conversation avec le titulaire
 
Visites et conversation avec le titulaire

Version du 6 décembre 2019 à 22:23

Édifice

(réservé)

Historique

Les origines

Orgue construit par Frémat et Carlier en 1751. Interventions de van Peteghem (1852), Loret (1854/57), Merklin (1863), Neuville (1886).

Inauguration du 29 janvier 1857 (rapportée par le Journal de Roubaix, 31/1/1857). L'orgue fut touché par "un artiste belge":

Le mauvais temps est venu contrarier cette cérémonie, qui n'a pas attiré autant de monde qu'on aurait pu le supposer. Il est d'usage, pour ces sortes de solennités, de donner des éloges sans restrictions. Nous croyons, nous, que c'est un tort, et que la vérité , ou du moins ce qu'on croit être la vérité , est toujours bonne à dire, en dépit du proverbe. Nous donnerons donc notre avis tel quel : nous n'avons pas l'intention de l'imposer au public , nous le lui soumettons sans arrière-pensée aucune. L'instrument, nouvellement réparé, a de très- beaux sons dans les registres supérieurs. La flûte, la petite flûte, le hautbois, etc., ont des intonations d'une pureté incontestable. Le médium (qu'on me passe «'expression) est également juste et sonore ; les basses sont pleines , nourries, mais les registres les plus graves sont, ou du moins, nous ont paru parfois d'une justesse douteuse Cette particularité a frappé aussi plusieurs personnes très-compétentes qui nous entouraient. Ce défaut, s'il existe réellement, s'il persiste quelque temps, disparaîtra ; il y a du remède. L'artiste qui a touché l'orgue est certainement un homme de talent ; le temps nous manque pour le juger aussi sérieusement qu'il le mérite, nous nous permettrons cependant de lui faire une observation. Son jeu, d'une précision, d'une netteté , d'une délicatesse exquise, manque parfois de force, de nerf, de puissance et d'expression. A noire avis , la prière en la bémol , exécutée sur un mouvement trop précipité, perdait beaucoup de son caractère religieux ; nous aurions voulu plus d'ampleur dant le chant. L'orgue est le plus complet, le plus magnifique interprète des sentiments de l'âme, des sentiments larges, tristes et sérieux surtout. On peut obtenir de cet instrument une expression impossible avec d'autres. On a donc le droit d'être exigeant. L' improvisation (numéro 1 du programme), la Prière en mi-majeur, I'Ite Missa Est ont été bien enlevés. La grande fugue en sol mineur (J.S. Bach) nous a paru d'un rythme un peu monotone, et d'une mélodie assez pauvre ; l'artiste a su cependant en tirer parti. Ce qui nous a le plus frappé, et comme composition et comme exécution , c'est l'improvisation pastorale , pleine de motifs, charmants de fraîcheur et de finesse. L'organiste a montré dans cette exécution une entente musicale et un goût supérieurs. On ne peut se figurer la légèreté, l'élégance de certains passages ; son jeu , du reste , est d'une correction inattaquable. Dans les neuf morceaux qu'il a joués, on n'a pas entendu un seul instant d'hésitation. Une dernière observation : nous avons remarqué, dans presque tous les morceaux, une note tremblée , une espèce de trémolo , dont l'usage modéré peut être agréable un instant, mais dont l'abus devient fatiguant et rappelle, non le sentiment de tristesse qu'il veut rendre, niais involontairement la voix chevrotante d'un vieillard. Nous reviendrons avec plus de détails sur celle question , nous attendrons une nouvelle audition. M. Rosoor, l'habile directeur des Orphéonistes de Tourcoing , nous mettra à même de bien asseoir notre opinion ; lui aussi tirera bon parti de l'instrument. Souhaitons son rétablissement et son prompt retour à la santé. Dans l'intérêt de l'art musical à Tourcoing, M. Rosoor n'a pas le temps d'être malade.


Interventions de Delmotte

Selon Roland Servais :

Le 14 septembre 1899, Théophile Delmotte règle le mécanisme et les accouplements de l'orgue, et accorde les jeux d'anches, pour la somme de 30 Fr. Le 28 septembre 1911, un employé de Maurice Delmotte répare la soufflerie pour 53 Fr.

Après avoir envoyé un devis en 1901 et 1911, Maurice Delmotte signe, le 7 novembre 1911, un contrat pour la reconstruction de l'orgue. Le contrat précise la part de tuyauterie de réemploi. L'instrument reste à traction mécanique pour les claviers (avec deux machines Barker, au GO et au récit), et à transmission pneumatique pour les registres. Il coûta 39 475 Fr, y compris une soufflerie électrique Meidinger. Delmotte vide le positif de dos, dont la façade cache actuellement la console retournée. Inauguration le 21 novembre 1913.

Le 30 novembre suivant eu lieu l'expertise, "par le Docteur Bédart, professeur à l'université de Lille", et "Monseigneur Fremaux, Curé-Doyen de La Madeleine". Le rapport estime que "dans l'ensemble l'orgue restauré de St Christophe est digne de résonner sous les voûtes de cette belle église", mais mentionne néanmoins quelques points négatifs :

  • Il regrette que le contrat de construction n'ait pas été rédigé de manière plus détaillée, "délimitant de façon plus nette les obligations du facteur et par suite la mission des experts",
  • Il estime que l'augmentation de l'étendue des claviers (de 56 à 58 ou 61 notes) eût été préférable,
  • Il déplore le bruit "de castagnettes" produit par les leviers pneumatiques,
  • Il signale un défaut "assez grave" de l'alimentation des sommiers (neufs) : les dessus "tremblotent" lorsqu'on frappe des accords dans la basse ;
  • Il estime la sonorité de la trompette solo du récit "trop maigre", et conseille l'échange avec celle du grand-orgue, car selon eux, les anches du grand-orgue "n'ont besoin que de puissance sans raffinement" ; de la même manière, le hautbois du récit n"a rien, selon les experts, "du timbre orchestral qu'il doit imiter".

Le doyen Leclercq écrit à Maurice Delmotte, le 19 décembre 1913, pour lui demander de remédier à ces divers défauts, à ses propres frais.

En septembre 1917, pillage des tuyaux de montre par les troupes allemandes, comme partout (y compris en Allemagne...).

En 1951, Pascal (Lille) remet en état la mécanique. Les orgues restaurées sont inaugurées le samedi 3 novembre 1951 par Jean Langlais et Edmond Diérickx.


Restauration par Meyer et Daniellot (1969-1970). La "néo-classicisation" date de l'une (au moins) de ces deux dernières interventions. Inauguration le 1° mars 1970 par Maurice et Marie-Madeleine Duruflé.

Travaux en 1985 par Bruggeman (Mouscron, B).

Un projet de restauration et baroquisation (avec restitution du positif de dos) a été envisagé par l'Association "Les orgues de St Christophe", sans suite à ce jour (2015).

Description

Orgue en un seul corps, le positif de dos étant aujourd'hui vidé de sa substance. Console séparée, tournée vers la nef. Le positif parle à travers les claire-voies situées en partie basse du buffet ; il est donc sous le GO et le R.

Composition

 En 1913

Composition de l'orgue de St Christophe, 1913
 I - Grand Orgue  II - Positif expressif  III - Récit expressif  Pédale
 Montre 16  Principal 8  Bourdon 16  Contrebasse 16
 Bourdon 16  Flûte harmonique 8  Diapason 8  Soubasse 16 (GO)
 Montre 8  Bourdon 8  Flûte traversière 8  Flûte 8
 Flûte harmonique 8  Salicional 8  Bourdon 8  Violoncelle 8
 Bourdon 8  Unda Maris 8  Gambe 8  Bourdon 8 (GO)
 Gambe 8  Flûte d'écho 4  Voix céleste 8  Flûte 4
 Prestant 4  Carillon III  Flûte octaviante 4  Bombarde 16
 Quinte 3  Cor anglais 16  Octavin harmonique 2  Trompette 8
 Doublette 2  Trompette harmonique 8  Mixture V  
 Fourniture III-V  Clarinette 8  Bombarde 16  
 Bombarde 16  Clairon 4  Trompette 8  
 Trompette harmonique 8    Basson-Hautbois 8  
 Clairon 4    Voix humaine 8  
     Clairon 4  

 Claviers de 56 notes, pédalier de 30 notes. Machines Barker au GO et au Récit. Tirage des jeux pneumatique.

Composition actuelle

Relevée à la console en juillet 2011:

Composition de l'orgue de St Christophe, 2011
 I - Grand orgue  II - Positif  III - Récit  Pédale
 Montre 16  Principal 8  Bourdon 16  Contrebasse 16
 Montre 8  Bourdon 8  Diapason 8  Soubasse 16
 Bourdon 8  Principal 4  Flûte creuse 8  Quinte 10 2/3
 Flûte harmonique 8  Flûte 4  Bourdon 8  Bourdon 8
 Prestant 4  Doublette 2  Gambe 8  Flûte 8
 Quinte 2 2/3  Tierce 1 3/5  Voix céleste 8  Flûte 4
 Doublette 2  Picolo 1 [sic]  Principal italien 4  Bombarde 16
 Fourniture  Cymbale III  Doublette 2  Trompette 8
 Plein-jeu IV  Carillon  Nasard 2 2/3  Clairon 4
 Cornet V  Trompette harm. 8  Tierce 1 3/5  
 Bombarde 16  Cromorne 8  Plein-jeu IV  
 Trompette harm. 8    Bombarde 16  
 Clairon harm. 4    Trompette harm. 8  
     Clairon harm. 4  

Tirasses GO, POS, R ; GO / Machine, Pos/GO, R/GO, R/Pos. Expression R.

Appels anches Ped, GO, Pos, R ; tremolo Pos, tremolo R.

Appel "jeux préparés" (dispositif de double registration par deux rangées de touches à deux positions stables, placées au-dessus et en-dessous des porcelaines de registres).

Le carillon est en fait composé de nasard + tierce (sans piccolo !). La tierce séparée du positif est donc redondante ; il était prévu de lui substituer un larigot.

Titulaires

Lepage, début XIX°

Grau, ... - 1833

Jean-Louis Rosoor, 1833 - 1870

Aimée Rosoor, 1870 - 1898

Amédée Rosoor, 1898 - 1901, date à laquelle il fut appelé sous les drapeaux.

Edmond Diérickx, 1° Novembre 1901 - 1952 selon une inscription trouvée dans un "graduale romanum" sur la tribune.

Toutefois, M. Flipo est mentionné comme "organiste de la paroisse" par l'indicateur de Roubaix & Tourcoing, édition du 26/9/1909.

Alphonse Manche

Yves Devernay, 1965 - 1990

Franck Zigante

René Courdent, 2002 - actuellement (2019)

Maîtres de chapelle

Albert Paris (à peu près contemporain d'E. Dierickx)

Sources

Site de l'Association "Les orgues de St Christophe"

Visites et conversation avec le titulaire

Mémoire de Roland Servais sur la manufacture Delmotte

Dictionnaire des organistes, P. Guillot