Fives, Très Saint Sacrement : Différence entre versions
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− | Orgue de Victor Gonzalez, 1955. Inauguration le 23 octobre 1955 par Gaston Litaize, lors d'une messe radiodiffusée. | + | Orgue de [[Gonzalez|Victor Gonzalez]], 1955. Inauguration le 23 octobre 1955 par Gaston Litaize, lors d'une messe radiodiffusée. |
− | Cet orgue aurait été construit à partir du Cavaillé-Coll (revu Mutin, 1910-1911, 22 jeux à l'époque) du conservatoire national supérieur de musique de Paris, rue de Madrid dans le nouveau bâtiment ouvert en 1911, et placé dans la salle Berlioz. En effet, l'instrument de la rue de Madrid avait été remplacé en 1951 par un orgue Jacquot-Lavergne de trois claviers. L'ancien orgue aurait été racheté par Jean Cau, organiste et technicien-conseil auprès de la Commission des Orgues | + | Cet orgue aurait été construit à partir du Cavaillé-Coll (revu par Mutin, 1910-1911, 22 jeux à l'époque) du conservatoire national supérieur de musique de Paris, rue de Madrid dans le nouveau bâtiment ouvert en 1911, et placé dans la salle Berlioz. En effet, l'instrument de la rue de Madrid avait été remplacé en 1951 par un orgue Jacquot-Lavergne de trois claviers. L'ancien orgue aurait été racheté par [[Cau, Jean|Jean Cau]], organiste et technicien-conseil auprès de la Commission des Orgues<ref>à ne pas confondre avec l'ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, éditorialiste au Figaro</ref>, et installé dans la nouvelle église grâce à un curé très entreprenant. |
Le fronton des claviers porte en effet une plaque "Gonzalez" en plastique... vissée sur une marque de fabrique plus ancienne. Je ne suis pas allé chercher un tournevis, un paroissien m'assurant qu'il s'agit bien de Cavaillé-Coll (Mutin-Cavaillé-Coll, en fait). Les tirants de registres sont également anciens, les porcelaines ayant été remplacés par de vilaines rondelles de plastique. | Le fronton des claviers porte en effet une plaque "Gonzalez" en plastique... vissée sur une marque de fabrique plus ancienne. Je ne suis pas allé chercher un tournevis, un paroissien m'assurant qu'il s'agit bien de Cavaillé-Coll (Mutin-Cavaillé-Coll, en fait). Les tirants de registres sont également anciens, les porcelaines ayant été remplacés par de vilaines rondelles de plastique. | ||
− | Les claviers et le pédalier (fort usagé) ont une étendue de 61 et 32 notes respectivement, ce qui était l'étendue de ceux de la salle Berlioz en 1934 | + | Les claviers et le pédalier (fort usagé) ont une étendue de 61 et 32 notes respectivement, ce qui était l'étendue de ceux de la salle Berlioz en 1934<ref>cf. la seule photo à peu près nette dont je dispose, celle où l'on voit Denise Launay à l'orgue, page 48 du livre "Marcel Dupré" par Michael Murray</ref>. De nombreux autres détails coïncident, notamment la position des tirants de registre de droite (avec un tirant ajouté pour le récit en 1955), la disposition des cuillers (certaines ayant été ajoutées), le fronton des claviers plus sombre que les côtés portant les tirants de registre... |
En revanche, il est clair que la montre en spotted est de Gonzalez. Je n'ai pu faire l'inventaire de la tuyauterie, mais à l'entendre, celle-ci est soit neuve, soit fortement remaniée. Je présume que Dupré, qui appréciait Cavaillé-Coll, et Jacquot, qui héritait de la tradition symphonique, ont dû se mettre d'accord pour réemployer un certain nombre de jeux dans l'orgue de la salle Berlioz... | En revanche, il est clair que la montre en spotted est de Gonzalez. Je n'ai pu faire l'inventaire de la tuyauterie, mais à l'entendre, celle-ci est soit neuve, soit fortement remaniée. Je présume que Dupré, qui appréciait Cavaillé-Coll, et Jacquot, qui héritait de la tradition symphonique, ont dû se mettre d'accord pour réemployer un certain nombre de jeux dans l'orgue de la salle Berlioz... | ||
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Pierre Cochereau, Organist of Notre-Dame; Anthony Hammond, University of Rochester Press, 2012 | Pierre Cochereau, Organist of Notre-Dame; Anthony Hammond, University of Rochester Press, 2012 | ||
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+ | [[Catégorie:Victor_Gonzalez]] |
Version actuelle datée du 24 mai 2021 à 20:57
Sommaire
Édifice
L'église du Très Saint Sacrement est une construction en brique et béton, édifiée après la destruction, en 1944, d'une chapelle provisoire de 1906.
Elle fait partie d'une paroisse multi-clochers, et n'est plus utilisée que le samedi soir. Sinon, elle est fermée. L'état d'entretien semble correct : les serrures sont récentes, les portes sont en bon état, les vitraux sont protégés contre le vandalisme... et l'intérieur n'est pas déplaisant. Le mobilier est homogène et contemporain de la construction, avec une certaine recherche.
Historique
Ancien orgue (dans l'ancienne église)
Un orgue aurait été installé, ou à tout le moins modifié, suivant les théories du Dr. Bédart. L'auteur est à la recherche du texte de Jean Cau (lettre ou similaire) qui en parle. Il est possible que cet orgue soit le Puget mentionné ci-dessous. L'influence du Dr. Bédart se serait probablement traduite par de nombreuses combinaisons que le système pneumatique facilite grandement (Jean Cau proposant de les supprimer lors du transfert éventuel), mais tout cela est très hypothétique.
Ancien orgue (dans l'église actuelle)
L'église possédait un instrument de 3 claviers et pédale, à transmission pneumatique de 18 jeux (+ 2 extensions) dû à Puget. Il a survécu au bombardement de 1944. En 1949, il était en mauvais état : notes muettes, réservoir défectueux, console capricieuse, troisième clavier inutilisable. Il a été proposé à la vente, par Jean Cau en 1952, au curé de Chéreng, ainsi qu'à celui de N.D. de Lourdes à La Madeleine. Devenir inconnu.
Cet orgue ne figure pas dans la liste des travaux de la manufacture Puget consignée ici : Travaux de Puget dans le Nord. Il a dû connaître une histoire un peu mouvementée.
Orgue actuel
Orgue de Victor Gonzalez, 1955. Inauguration le 23 octobre 1955 par Gaston Litaize, lors d'une messe radiodiffusée.
Cet orgue aurait été construit à partir du Cavaillé-Coll (revu par Mutin, 1910-1911, 22 jeux à l'époque) du conservatoire national supérieur de musique de Paris, rue de Madrid dans le nouveau bâtiment ouvert en 1911, et placé dans la salle Berlioz. En effet, l'instrument de la rue de Madrid avait été remplacé en 1951 par un orgue Jacquot-Lavergne de trois claviers. L'ancien orgue aurait été racheté par Jean Cau, organiste et technicien-conseil auprès de la Commission des Orgues[1], et installé dans la nouvelle église grâce à un curé très entreprenant.
Le fronton des claviers porte en effet une plaque "Gonzalez" en plastique... vissée sur une marque de fabrique plus ancienne. Je ne suis pas allé chercher un tournevis, un paroissien m'assurant qu'il s'agit bien de Cavaillé-Coll (Mutin-Cavaillé-Coll, en fait). Les tirants de registres sont également anciens, les porcelaines ayant été remplacés par de vilaines rondelles de plastique.
Les claviers et le pédalier (fort usagé) ont une étendue de 61 et 32 notes respectivement, ce qui était l'étendue de ceux de la salle Berlioz en 1934[2]. De nombreux autres détails coïncident, notamment la position des tirants de registre de droite (avec un tirant ajouté pour le récit en 1955), la disposition des cuillers (certaines ayant été ajoutées), le fronton des claviers plus sombre que les côtés portant les tirants de registre...
En revanche, il est clair que la montre en spotted est de Gonzalez. Je n'ai pu faire l'inventaire de la tuyauterie, mais à l'entendre, celle-ci est soit neuve, soit fortement remaniée. Je présume que Dupré, qui appréciait Cavaillé-Coll, et Jacquot, qui héritait de la tradition symphonique, ont dû se mettre d'accord pour réemployer un certain nombre de jeux dans l'orgue de la salle Berlioz...
Ci-dessous la composition de l'orgue de la salle Berlioz (selon Anthony Hammond), après les interventions de Mutin :
I - Grand Orgue | II - Récit expressif | Pédale |
Bourdon 16 | Flûte traversière 8 | Flûte 16 |
Diapason 8 | Viole de Gambe 8 | Basse ouverte 8 |
Flûte harmonique 8 | Voix céleste 8 | Flûte 4 |
Salicional 8 | Flûte octaviante 4 | Bombarde 16 |
Bourdon 8 | Nasard 2 2/3 | Trompette 8 |
Prestant 4 | Octavin 2 | Soprano 4 |
Doublette 2 | Trompette harmonique 8 | |
Plein jeu IV | Basson-Hautbois 8 |
Buffet
Pas de buffet, mais une façade de tuyaux : une plate-face en mitre, entre deux autres plate-faces plus basses en harpe. Montre en spotted, soubassement en chêne.
Composition
Composition (1955 - idem 2010) | ||
I - Grand Orgue | II - Récit expressif | Pédale |
Quintaton 16 | Dulciane 8 | Soubasse 16 |
Montre 8 | Bourdon 8 | Bourdon 8 (déd.) |
Flûte à fuseau 8 | Principal italien 4 | Flûte 8 |
Prestant 4 | Quarte de nasard 2 | Flûte 4 (déd.) |
Flûte douce 4 | Sesquialtera III | Bombarde 16 |
Doublette 2 | Plein jeu IV | Trompette 8 (déd.) |
Fourniture IV | Bombarde 16 | Clairon 4 (déd.) |
Cymbale III | Trompette 8 | |
Clairon 4 |
Claviers de 61 notes et pédalier de 32 notes. Sommiers à registres. Transmissions mécaniques avec machine Barker.
Accouplements II/I, II/I (16) ; Tirasses I, II ; appel machine barker du G.O.
Boutons de registres tournants pour les anches et les mutations avec, pour chaque clavier et pour le pédalier, des pédales d'appel et de renvoi. Ces appels et renvois sont purement mécaniques, suivant le même principe que les "tiratutti" italiens.
Les dédoublements sont mécaniques. Les anches de la pédale sont placées dans la boîte du récit (ce que j'ai pu vérifier - et il ne s'agit pas d'un dédoublement. Ainsi, la bombarde de récit évoque plutôt un basson, alors que la bombarde de pédale est plus grosse).
Composition des mixtures
Selon la fiche d'inventaire (2007, non publiée)
Ut 1 | Fa 1 | Ut 2 | Fa 2 | Ut 3 | Fa 3 | Ut 4 | Fa 4 | Ut 5 | Sol # 5 | |
Fourniture IV | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 | 4 | ||||||
1 | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 | |||||||
2/3 | 1 | 1 1/3 | 2 | |||||||
1/2 | 2/3 | 1 | 1 1/3 | |||||||
Cymbale III | 1/3 | 1/2 | 2/3 | 1 | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 | 4 | ||
1/4 | 1/3 | 1/2 | 2/3 | 1 | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 | |||
1/6 | 1/4 | 1/3 | 1/2 | 2/3 | 1 | 1 1/3 | 2 | |||
Plein-jeu IV | 1 | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 | 4 | |||||
2/3 | 1 | 1 1/3 | 2 | 2 2/3 | ||||||
1/2 | 2/3 | 1 | 1 1/3 | 2 | ||||||
1/3 | 1/2 | 2/3 | 1 | 1 1/3 |
État
(2010) L'instrument est en bon état : tout fonctionne, et l'accord était plutôt bon le jour de ma visite. La mécanique est agréable ; la machine Barker est assez discrète et répond bien. Le vent a tendance à devenir instable dans les registrations chargées : il est possible que les antisecousses ne fonctionnent pas de manière optimale. L'entretien est assuré (2010) par le facteur Antoine Pascal.
L'harmonisation est soignée ; l'orgue est relativement discret, dans un local moyennement réverbérant.
Commentaires...
de Jean Cau, auteur de la notice dans la revue "L'Orgue" ; ces commentaires sont un parfait miroir de l'idéologie qui animait l'Association des Amis de l'Orgue et son président, Norbert Dufourcq, à cette époque :
Cette composition a surpris quelques organistes attardés, et quelques romantiques impénitents. Il n'importe. Mais nous avons délibérément sacrifié le détail au profit de l'équilibre de l'ensemble. L'absence d'un cromorne se fait évidemment sentir, mais une cymbale au G.O. nous a paru d'une plus grande nécessité, etc... Certes, c'est un compromis, comme dans tout instrument de dimensions modestes, mais tel qu'il est composé, cet orgue répond à sa destination. L'harmonisation en a été parachevée par M. Danion. Les anches sont de la main de Victor Gonzalez. C'est un nouveau chef-d’œuvre de la facture française.
Titulaires
Jean Cau (1955 - )
Michel Deleplace (avant 1966 - 2006 (décès))
Antoine Blondeau (2006 - 2010/11)
Philippe Poisson (2011-)
Photos
Enregistrements
Un enregistrement a été réalisé par Antoine Blondeau. Il est disponible sur iTunes.
Sources
Revue "L'Orgue", juil-sept 1956 ; visite le 7 août 2010 ; fonds Jean Cau des archives départementales du Nord (correspondance relative à Chéreng).
Bulletin n°18 de l'Association des Amis de l'Art de Marcel Dupré, 1999
Orgues Nouvelles n°19, hiver 2013
Pierre Cochereau, Organist of Notre-Dame; Anthony Hammond, University of Rochester Press, 2012