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Sommaire

Édifice

L'église N.D. de Pellevoisin est un édifice en brique de 1911, contemporain de la création de ce quartier (au début du XX°), situé dans les faubourgs Est de Lille, au-delà des remparts. Voir la page Wikipedia correspondante.

Il offre une acoustique remarquable, avec une réverbération de l'ordre de 5 à 6 secondes (nef vide) sans le redoutable effet "hall de gare". Il est vrai que le plan de l'église est assez conventionnel (nef longue, de moyenne hauteur, abside semi-circulaire, courts transepts), ce qui est beaucoup plus favorable qu'une structure en coupole, telle qu'on la rencontre par exemple à N.D. de Lourdes, à La Madeleine.

Historique

Un premier orgue avait été livré par la manufacture Delmotte (Tournai) en 1927. Il comportait 22 (?) jeux ainsi répartis : Grand Orgue (13 jeux) ; Récit expressif (10 jeux) ; Pédale (5 jeux), et huit combinaisons. Le nombre de jeux indiqué dans un document de l'époque est sans doute faussé par la présence d'emprunts.

L'orgue actuel remonte aux années 1950-1958 et a été construit par le facteur Jean Pascal (Lille). Il réutilise un bon nombre de jeux de Delmotte. Il est inachevé : la console comporte deux claviers et un pédalier, mais seul le clavier inférieur (Grand Orgue) est fonctionnel et pourvu de jeux. Je ne connais pas les raisons de son inachèvement (réalisation prévue d'emblée par tranches ?).

L'état en 2010 est bon, hormis les tirages de jeux, pour lesquels un devis de remise en état des boursettes a été présenté (exécution ?).

En 2014, isolation acoustique du ventilateur dans un coffrage en plâtre réalisé par Antoine Pascal.

Buffet

Les tuyaux de façade, en zinc, sont les basses de la montre et de la flûte de 8. Le tout est disposé sur un soubassement en bois.

Description

Le clavier supérieur n'est pas opérationnel (touches immobiles), dommage pour le travail technique. Le pédalier fonctionne en tirasse du 1° clavier.

Le sommier de grand orgue est chromatique, et placé perpendiculairement à la façade de l'orgue, du côté droit (Nord). Le côté gauche était manifestement destiné à un récit expressif, dont on peut lire la composition à la console. La bascule d'expression est installée, mais sans effet bien entendu.

La mécanique "voyait grand" puisqu'elle comporte une machine Barker à dépression, non débrayable. La console, d'une finition soignée, est peu ou prou "aux normes de Malines", fait appréciable et pas très courant à Lille.

Il existe une association des Amis de l'orgue, référencée sur <a href="http://www.marcq-en-baroeul.org/index.php?option=com_content&amp;view=article&amp;id=463:amis-de-lorgue-de-notre-dame-de-pellevoisin&amp;catid=120&amp;Itemid=804" target="_blank" rel="noopener noreferrer">une page de la mairie de Marcq en Baroeul</a>.

Composition

Les jeux en italiques n'ont pas été posés. L’astérisque * désigne les jeux de combinaison (en rouge sur les dominos de la console). La provenance des jeux est sommairement indiquée (d = Delmotte, p = Pascal)

Composition de l'orgue de N.D.de Pellevoisin, relevée en 2010
I - Grand Orgue II - Récit expressif Pédale
Bourdon 16 (d) Flûte 8 Soubasse 16
Montre 8 (d) Dulciane 8 Flûte 8
Flûte 8 (d, recoupée) Voix céleste 8 Bourdon 8
Bourdon 8 (d,p) Bourdon 8 Flûte 4
Prestant 4 (p) Flûte 4 Bombarde 16 *
Flûte 4 (p,d) Nasard 2 2/3 Trompette 8 *
Doublette 2 (p) Flûte 2 Clairon 4 *
Plein jeu IV (p) Tierce 1 3/5
Cromorne 8 Plein-jeu III
Trompette 8 * (p,d) Basson Hautbois 8
Clairon 4 * (p) Trompette 8 *
Clairon 4 *

Tirasses et accouplements habituels. Appels des jeux de combinaison, par clavier.

Claviers : 56 notes, pédalier : 30 notes. Transmissions mécaniques avec machine Barker. Tirage de jeux électropneumatique, avec dominos à bascule.

Le sommier chromatique exigu a nécessité le postage de nombreuses basses sur moteurs pneumatiques assez paresseux.

Composition du plein jeu :

Ut 1 Ut 2 Ut 3 Fa 4
Plein jeu IV 1 1/3 2 2 2/3 4
1 1 1/3 2 2 2/3
2/3 1 1 1/3 2
1/2 2/3 1 1 1/3

Organistes

1942 ... Raymond Demeestère[1]

? - ? Dominique Chevallier

2000-2003 Airy Magnien

...2012... Benjamin Straehli

Illustrations

Digressions

Que faire d'un orgue pareil ? on s'en sert, babache !

Cet instrument fut mon instrument d'étude pendant plusieurs années (2001-2005, en gros). Il ne servait pas pour les messes, sous prétexte qu'il était "trop bruyant", et les accompagnements étaient par conséquent serinés depuis un épouvantable zinzin électronique, technologie des années 70, d'ailleurs totalement insuffisant et avec des contacts défectueux partout. Bien entendu (?) seul l'organiste de service pouvait s'en rendre compte. D'ailleurs, le titulaire était parti, écœuré.

Que faire... les personnes qui me l'on fait visiter pour la première fois semblaient presque gênées. Que faire ? mauvaise question pour quelqu'un qui avait joué un orgue de deux jeux et demi, avec pédalier en tirasse, pendant une dizaine d'années, sans éprouver de frustration particulière. Beaucoup de choses. Dix jeux (non électroniques), c'est beaucoup... la flûte 8, assez grosse et d'une sonorité assez indiscrète (pieds des tuyaux très ouverts, jeu harmonique de Delmotte recoupé par Pascal (une manie des années cinquante qui n'a jamais donné de bons résultats) est sans grand intérêt : restent neuf jeux, c'est encore assez, si la qualité est au rendez-vous.

Commençons par le principal, à savoir la Montre 8. J'en ai rarement entendue une qui soit aussi versatile : assez claire et équilibrée pour des ricercari, les dessus assez chantants pour les heures mystiques de Boëllmann, et offrant assez d'assise tout de même pour supporter le plein jeu, sans devoir ajouter l'inévitable bourdon de 8... mon premier essai du choral "O Mensch, bewein' dein Sünde groß" (BWV 622) avec toutes les voix sur cette montre et la pédale en tirasse (en 8') ne laissait rien à désirer, voilà tout.

Prestant, Doublette et Plein Jeu sont du même acabit. Le plein jeu (résultante 8, en vrai néoclassique) est, lui aussi, bien équilibré, ni trop clair, ni trop sombre, avec des reprises correctement étagées, façon Gottfried Silbermann (sauf la dernière reprise, une quarte plus haut).

Fait intéressant, si l'on souhaite un crescendo sur le plenum, il vaut mieux ajouter dans cet ordre : Montre, Prestant, Doublette, Plein Jeu, et enfin Bourdon 8 puis 16. Bien que la montre ne manque pas d'ampleur, le bourdon 8 (pourtant raisonnable comme soliste) magnifie l'ensemble, qui prend alors un volume surprenant. Les anches sont fort bonnes en "grand jeu" sans cornet et acceptables avec le plenum, pour former un "tutti néo-classique" assez plein, pas casserole.

On regrettera la limitation de l'étendue à 56 notes : avec 61 notes au clavier, il eût été plus souvent possible de jouer les parties manuelles à l'octave supérieure, en laissant la partie de pédale dans sa tessiture d'origine. Ainsi, on obtient de nouveaux effets sonores, et on peut jouer le manuel en 8' et la pédale en 16' quand c'est vraiment nécessaire.

L'ensemble n'est pas très bruyant (comme c'est souvent le cas chez Pascal), et rétrospectivement, je me demande pourquoi le curé de l'époque a réduit l'orgue au silence - il était toutefois toléré, voire apprécié, pour les entrées & sorties ainsi que les mariages, et j'ajoute que le curé n'a jamais mis d'obstacle à l'utilisation de l'orgue pour l'étude, même de nuit, ce qui est tout de même inhabituel.

Et le grand répertoire ? bon, moyennant de rares artifices, il y a de quoi contenter des jeunes mariés : carillon de Westminster, toccata de Widor, scherzo de Gigout, tout cela passe. Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542, cela passe aussi. Les nombreuses pièces "pour orgue ou harmonium" : idem. Les six préludes d'Ernst Bloch : magnifiques. J'ai même trouvé quelques emplois pour la flûte de 8 à coucher dehors (jamais avec la montre). Par exemple, le cantique d'après Denizot "quel étonnement vient saisir mon âme", réalisé par Boëly : au manuel, bourdon 16, flûte 8 et doublette, joués à l'octave aiguë ce qui donne 8+4+1, et la pédale en tirasse. La flûte, très proéminente, ne s'amalgame pas totalement, ce qui produit un "halo" rappelant l'effet des flûtes harmoniques de St Eustache.

En cherchant bien, on peut y aborder la moitié du répertoire sans crainte du ridicule, et ce dans le plus grand confort. Cela ne vous suffirait pas ? et comme je dis toujours, si l'on veut aborder l'autre moitié, on fait échange de tribune avec un collègue. Hélas, les "chasses gardées" sont fréquentes dans le "milieu", bien qu'il y ait des exceptions - les organistes les plus jaloux étant généralement les moins bons.

Je me souviendrai toujours de ma première rencontre avec Michel Chapuis à St Séverin : "vous voulez jouer ?" fut sa première question, et le ton n'était pas dissuasif.

  1. JdR 18/7/1942