Lille, Synagogue
Sommaire
Édifice
La synagogue actuelle fut érigée en 1891, sur les plans de l'architecte Théophile-Albert Hannotin. Elle est une des rares synagogues françaises à avoir conservé son mobilier d'origine.
En 1845, la communauté israélite avait installé un lieu de prière dans une maison au 5, rue des prisons, c'est-à-dire dans les environs de l'actuel Palais de Justice[1].
Historique
Orgue et culte israélite
Le 17 juillet 1810, Israel Jacobson, philanthrope mais pas rabbin, consacra la première synagogue à employer un orgue et un chœur pour la liturgie à Seesen (Basse-Saxe, Allemagne)[2][3]. Ce jour est d'ailleurs célébré comme la date de fondation du judaïsme réformé.
L'orgue par lequel le scandale arriva en 1845
En 1845, les archives israélites de France rapportent les propos d'un certain D. Alexandre, de la communauté israélite de Lille, qui "reproche à la commission d'avoir fait exécuter des travaux dans la synagogue, établir une orgue, renvoyer le ministre officiant : ainsi 2000 francs dépensés aussi inutilement". De plus, dans sa lettre, M. Alexandre se plaint que l'orgue de la synagogue est touché par un israélite le samedi. Pour mémoire, la règle généralement admise est que seul les non-juifs peuvent toucher l'orgue les samedis, ce qui explique pourquoi l'on trouva parfois d'illustres goyim prester leurs services : un exemple notoire est celui de Jehan Alain, aux claviers de la synagogue de rue N.D. de Nazareth à Paris à partir de 1936 ; il a même composé de la musique à cet effet. Plus généralement, il semble que l'orgue ait été plus facilement toléré lors d'autres cérémonies, telles que les mariages, hors shabbat.
Le même ouvrage publie une lettre de Marchand-Ennery, Grand Rabbin de la circonscription de Paris à la communauté de Lille, alors présidée par M. Sriber. Cette lettre du 23 juillet 1845 stipule :
Monsieur le commissaire surveillant du temple israélite de Lille,
J'apprends par le dernier numéro des Archives Israélites que vous avez introduit l'orgue dans le temple israélite de Lille. Ce fait a lieu de m'étonner, et c'est à regret que je me vois obligé de vous dire que vous avez outrepassé vos pouvoirs, en vous permettant de faire une innovation que je n'ai point autorisée. J'aime à croire, monsieur, que cette observation suffira pour vous rappeler à votre devoir, et vous faire comprendre qu'aucune modification ne saurait être admise dans le culte, si elle n'a préalablement obtenu l'assentiment de l'autorité compétente".
A l'époque en effet, la communauté de Lille dépendait administrativement de la circonscription de la Seine.
Le reste de l'ouvrage montre que la question de l'orgue dans les synagogues était, en 1845, controversée, mais plusieurs exemples de leur introduction y figurent (Paris, Nancy, Colmar, Lyon, Strasbourg, Marseille). Une évolution était donc en cours.
La nature de l'instrument (orgue ou harmonium ?) n'est pas précisée. Le premier brevet pour l'harmonium avait été déposé par Debain en 1842, et des instruments à anches libres existaient depuis le début du XIX°. L'instrument actuel est évidemment postérieur.
Instrument
En 2021: il s'agit d'un harmonium signé Alexandre Père & Fils, Paris. Il est placé sur la tribune, côté porche. En mauvais état et injouable (soufflets crevés), il serait cependant restaurable.
Il correspond à l'harmonium n°13 du catalogue Alexandre Père & Fils de 1898 (cf. reproduction ci-dessous). Il pourrait aussi correspondre à l'orgue n°152 d'un catalogue plus ancien, sans date mais sans doute édité entre 1872 et 1888.
Photos
Sources
Visite (5/2021)
Archives israélites de France, 1845, tome 6 (disponibles en ligne)
- ↑ VdN 27/08/2019
- ↑ cf. Wikipedia (en)
- ↑ publication originale (en allemand)