Lille, St Michel - Orgue de tribune
Sommaire
Édifice
Cette église néo-renaissance de 1875 rappelle la Trinité (Paris), et l'orgue de tribune qui s'y trouve est aussi de la même veine que celui dont Olivier Messiaen fut titulaire. L'association y organise environ trois récitals par an. C'est incontestablement une des "bonnes adresses" de Lille, avec St Martin d'Esquermes, mais c'est à peu près tout. Si l'on veut d'autres récitals d'orgue, il faut aller en périphérie (Lomme, Wasquehal, Marcq en Baroeul, Tourcoing, Halluin...).
Historique
Ancien orgue (?)
Origine inconnue - à moins qu'il s'agisse de l'orgue de chœur, installé sans doute en 1875 :
Les 11 et 12 août 1884, Édouard & Théophile Delmotte envoient deux de leurs employés pour réparer le tirage des registres et accorder l'orgue. Ils conviennent alors d'un abonnement d'accord (4 visites par an pour 60 Fr) qui commencera en 1885 et continuera jusqu'en 1909.
Des visites "extraordinaires" d'accord sont effectuées le 28 septembre 1887 (15 Fr) et le 23 octobre 1889 ; le 21 avril 1890, il est procédé à un nettoyage de l'orgue (200 Fr). Le 16 septembre 1893, deux employés "règlent la pédale et réparent les cornements" pour 25 Fr, tandis que le 13 novembre 1893, l'orgue est "retiré", travail qui fut facturé 35 Fr.
Projets intermédiaires
En février 1886, les Delmotte présentent deux devis pour des instruments de 34 et 35 jeux (22 000 et 25 000 Fr) à levier pneumatique, comportant deux ou trois claviers manuels. Ce projet resta sans suite.
Orgue Joseph Merklin
Faisant suite à l'inauguration de l'orgue de St Martin, à Esquermes, l'abbé Hélin, curé de St Michel, écrit le 22 juillet 1895 pour informer les frères Delmotte que "le conseil de fabrique [...] a lu avec intérêt le rapport de la commission du nouvel orgue d'Esquermes". Il leur signale que "un appel est fait à [...] six facteurs d'orgues : MM. Delmotte peuvent aussi présenter leur projet pour l'orgue de St Michel".
Une semaine plus tard, les facteurs tournaisiens envoient à Lille un "devis d'un grand-orgue à construire d'après le nouveau système pneumatique à membranes", qui prévoyait un instrument de 27 jeux sur deux claviers et pédalier, pour le prix de 23 000 Fr. Ce devis proposait une soufflerie mécanique actionnée par un moteur à gaz.
L'orgue Joseph Merklin fut commandé en 1896 (15 000 F), et inauguré et bénit le jeudi 24 mars 1898, le jury étant présidé par Henri Dallier. Cet orgue aurait comporté, à l'origine, 26 jeux sur deux claviers et pédalier. Il est installé dans un buffet en chêne de Hongrie, exécuté par la maison Buisine & Rigot d'après un dessin de l'architecte lillois Boudin. Transmission pneumatique (tubulaire "à air poussé").
Intervention de Puget en 1914, selon les archives de la maison Puget. En 1917, les allemands pillent les tuyaux de montre, là comme ailleurs.
Les notes de Marcel Dupré donnent la composition avant l'extension à 3 claviers (1931), mais déjà sous le titulariat de Jean Descamps (1925...) :
Orgue Joseph Merklin
Faisant suite à l'inauguration de l'orgue de St Martin, à Esquermes, l'abbé Hélin, curé de St Michel, écrit le 22 juillet 1895 pour informer les frères Delmotte que "le conseil de fabrique [...] a lu avec intérêt le rapport de la commission du nouvel orgue d'Esquermes". Il leur signale que "un appel est fait à [...] six facteurs d'orgues : MM. Delmotte peuvent aussi présenter leur projet pour l'orgue de St Michel".
Une semaine plus tard, les facteurs tournaisiens envoient à Lille un "devis d'un grand-orgue à construire d'après le nouveau système pneumatique à membranes", qui prévoyait un instrument de 27 jeux sur deux claviers et pédalier, pour le prix de 23 000 Fr. Ce devis proposait une soufflerie mécanique actionnée par un moteur à gaz.
L'orgue Joseph Merklin fut commandé en 1896 (15 000 F), et inauguré et bénit le jeudi 24 mars 1898, le jury étant présidé par Henri Dallier. Cet orgue aurait comporté, à l'origine, 26 jeux sur deux claviers et pédalier. Il est installé dans un buffet en chêne de Hongrie, exécuté par la maison Buisine & Rigot d'après un dessin de l'architecte lillois Boudin. Transmission pneumatique (tubulaire "à air poussé").
Intervention de Puget en 1914, selon les archives de la maison Puget. En 1917, les allemands pillent les tuyaux de montre, là comme ailleurs.
Les notes de Marcel Dupré donnent la composition avant l'extension à 3 claviers (1931), mais déjà sous le titulariat de Jean Descamps (1925...) :
I - Grand Orgue | II - Récit expr. | Pédale |
---|---|---|
Bourdon 16 | Flûte 8 | Contrebasse 16 |
Montre 8 | Cor de nuit 8 | Soubasse 16 |
Bourdon 8 | Gambe 8 | Violoncelle 8 |
Flûte harm. 8 | Voix céleste 8 | Bourdon 8 |
Salicional 8 | Flûte 4 | Bombarde 16 |
Prestant 4 | Flageolet 2 | |
Fourniture | Trompette harm. | |
Bombarde 16 | Hautbois 8 | |
Trompette 8 | Clarinette 8 | |
Clairon 4 | Voix humaine 8 |
Manuels de 56 notes et pédalier de 30 notes. Double registration. Combinaisons : Orage, Tirasses GO, R ; R/GO et R/GO (16') ; Anches GO, R et Pédale ; Tremolo
Transformations par Grammet
En 1931, Grammet porte l'instrument à trois claviers et change les sommiers et la transmission pour des sommiers à pistons Laukhuff, les soupapes étant actionnées par des membranes-oreillers. Les jeux de Merklin sont redistribués ; une partie des jeux du Grand Orgue se retrouve donc au nouveau clavier de positif. Un principal neuf est ajouté à ce dernier, et la montre est renouvelée. La composition qui en résulte est la suivante :
I - Grand Orgue | II - Positif expressif |
III - Récit expressif |
Pédale |
Bourdon 16 | Principal 8 | Flûte harmonique 8 | Contrebasse 16 |
Montre 8 | Flûte harmonique 8 | Cor de nuit 8 | Soubasse 16 |
Bourdon 8 | Salicional 8 | Gambe 8 | Octave basse 8 (=montre GO) |
Prestant 4 | Clarinette 8 | Voix céleste 8 | Bourdon 8 (du GO) |
Fourniture | Trompette 8 | Flûte octaviante 4 | Bombarde 16 (du GO) |
Bombarde 16 | Clairon 4 | Octavin 2 | |
Basson-Hautbois 8 | |||
Voix humaine 8 | |||
Trompette 8 |
Annulateurs GO, Pos et R ; Octaves graves et aiguës GO; Accouplements Pos/GO en 8 et 16, R/GO en 8, 16 et 4, R/Pos en 8 et 16 ; Anches GO, Pos, R ; Tirasses GO, Pos, R, octave aiguë pédale
Transformation et électrification par Cogez
L'orgue a été restauré et transformé par Bernard Cogez en 2006 ; la bénédiction solennelle eut lieu le 17 septembre 2006, avec Michael Matthes aux claviers (qui avait auparavant donné de nombreux récitals au profit de la restauration de l'orgue). L'orgue a été électrifié à cette occasion, et les sommiers remplacés par des sommiers à registres "classiques". L'orgue a été doté d'une panoplie presque complète d'accouplements d'octave (16, 8, 4) et de tirasses en 8 et 4, fait rare de nos jours. Cet instrument a conservé sa "pâte" symphonique malgré l'ajout de quelques mutations, d'ailleurs bien intégrées, et de deux 32 de pédale. Il est idéalement adapté au répertoire français de la 1° moitié du XX° siècle (Dupré, Tournemire, Alain, Duruflé, Messiaen...). Les fans de Dupré regretteront seulement les 56 notes aux manuels, là où 61 eûssent été préférables.
Buffet
La montre actuelle est en zinc, fraîchement repeinte (dépôt électrolytique ?).
On appréciera la plate-face circulaire, clin d’œil à Casparini (mais avec des tuyaux coniques !). Elle dissimule d'ailleurs des jalousies de boîte expressive.
Description
Orgue en un seul corps, avec console indépendante retournée à trois claviers et pédale. Traction et registration électriques.
Composition
Positif expressif | Grand-Orgue | Récit expressif | Pédale |
Principal 8 | Bourdon 16 | Bourdon 8 | Soubasse 32 |
Bourdon 8 | Montre 8 | Flûte 8 | Contrebasse 16 |
Prestant 4 | Bourdon 8 | Gambe 8 | Soubasse 16 |
Flûte 4 | Salicional 8 | Voix céleste 8 | Bourdon 8 |
Nazard 2 2/3 | Flûte harm. 8 | Flûte 4 | Flûte 8 |
Doublette 2 | Nasard 5 1/3 | Nazard 2 2/3 | Octave 8 |
Tierce 1 3/5 | Prestant 4 | Octavin 2 | Flûte 4 |
Larigot 1 1/3 | Tierce 3 1/5 | Basson 16 | Basson 32 |
Septième 1 1/7 | Septième 2 2/7 | Trompette 8 | Bombarde 16 |
Piccolo 1 | Doublette 2 | Hautbois 8 | Trompette 8 |
Trompette 8 | Fourniture III-IV | Voix humaine 8 | Clairon 4 |
Cornet V | Plein-Jeu V | Clairon 4 | |
Bombarde 16 | |||
Trompette 8 | |||
Clarinette 8 | |||
Clairon 4 |
Accouplements: Pos./G.O. en 16, 8, 4, Réc./G.O. en 16, 8, 4, Réc./Pos. en 16, 8, 4, G.O./G.O. en 16 et 4, Pos./Pos. en 16 et 4, Réc./Réc. en 16 et 4.
Tirasses: G.O, Pos., Réc. en 8, Pos. et Réc. en 4.
Appels d'anches: Pos., G.O., Réc., Chamade Réc., Péd. Tremblant Réc., Tremolo Pos. Mutations GO. Annulation Mutations. Positif muet.
N.B. les "chamades récit" 8 et 4 sont des jeux préparés, non posés (deux tirants de registre sont disponibles).
Organistes
vers 1894 : Georges Rogier[1]
1925 - 1977 : Jean Descamps
1978 - 1986 (au moins) : André François, suppléé par son fils Jean-Christophe François dans cette période
Actuellement (...2013...) : Thierry Brousseau
Illustrations
Enregistrements
Quelques pièces interprétées par Yves Castagnet lors de son récital du 14 mars 2008. Avec l'aimable autorisation de l'interprète.
- Lecture J.S. Bach, Pièce d'Orgue, BWV 572
- Lecture Jehan Alain, scherzo de la suite pour orgue
- Lecture Louis Vierne, Feux follets
- Lecture Louis Vierne, Méditation (improvisée)
Sources
- Mme Oudar
- Base de données Palissy du ministère de la culture
- Notice "Bénédiction & inauguration de l'orgue de tribune le 24 mars 1898 / Discours de M. l'Abbé Roger Deschamps, professeur de philosophie et directeur des études au collège Saint Vaast à Béthune", Lille, imprimerie de l'orphelinat de Don Bosco, 1898 (exemplaire conservé à la bibliothèque municipale de Lille)
- Mémoire de R. Servais sur la manufacture Delmotte
- Archives de la maison Puget (extraits aimablement communiqués par M. Jean-Claude Guidarini)
- Site personnel de Michael Matthes
- Article d'Etienne Delahaye paru dans "Orgues Nouvelles"
- Correspondance, Jean-Christophe François