Château-Thierry, St Crépin

De Orgues en Hauts-de-France
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Historique

"L’existence d’un orgue à l’église Saint Crépin est très ancienne. Le témoin le plus ancien de cette existence reste la tribune située au fond de la nef et actuellement vide. Sa décoration semble remonter à la fin du XVIe siècle, ce qui la rend presque contemporaine de l’église.

L’orgue du XVIIIe siècle

A la lecture d’ouvrages historiques, on découvre qu’il a existé un orgue au XVIIIe siècle, installé sur l’actuelle tribune et composé de deux buffets. Lors de la tourmente révolutionnaire, cet instrument a été détruit lors du saccage de l’église. Il n’en reste plus aucune trace de nos jours.

La période révolutionnaire

Tandis que l’église Saint Crépin était mise à sac à Château-Thierry, les nombreuses abbayes qui se trouvaient dans la région étaient implacablement détruites les unes après les autres. De cet immense patrimoine, il ne reste plus aujourd’hui que l’abbatiale d’ESSÔMES sur MARNE ainsi que les ruines des abbayes de LONGPONT et de Saint Jean des Vignes à SOISSONS. Or, en ces temps troublés, il suffisait parfois de peu de choses pour faire basculer les événements dans un sens ou dans un autre. Ainsi, un certain nombre d’orgues, aujourd’hui historiques, ont pu échapper à la destruction par la présence d’esprit de leurs organistes. En effet, il suffisait bien souvent de jouer un chant révolutionnaire pour sauver un instrument. Tel fut le cas pour l’orgue de l’abbaye du CHARME, un village situé au nord de CHÂTEAU- THIERRY, en direction de NEUILLY SAINT FRONT. L’abbaye a entièrement disparu, mais l’orgue a été épargné. Il semble qu’entre temps, le curé de Saint Crépin ait prêté serment sur la constitution civile du clergé. Cette assermentation lui a valu de récupérer l’orgue de l’abbaye du CHARME, lequel fut installé sur l’actuelle tribune.

L’orgue de l’abbaye du CHARME

Durant près d’un siècle, l’église Saint Crépin fut dotée de l’orgue provenant de l’abbaye du CHARME. Il s’agissait d’un instrument d’esthétique classique du XVIIIe siècle et comprenant deux buffets. L’orgue a été utilisé régulièrement pour le culte depuis la fin de la révolution jusqu’en 1885. Son entretien était soigné. Des travaux de réparation, effectués à diverses reprises, ont permis à cet orgue de fonctionner pendant 90 ans sans restauration conséquente. En 1885, l’instrument à bout de souffle se taisait définitivement. Ce silence se poursuivit pendant une dizaine d’années.

L’orgue d’ ANNEESSENS

En 1885, l’esthétique sonore de l’orgue classique français n’était plus du tout « à la mode ». La fin du XIXe siècle est marquée par les symphonies orchestrales produites par les grands compositeurs de l’époque. Dans ce contexte et sous l’impulsion du facteur d’orgues “ CAVAILLE-COLL ”, l’orgue va prendre des dimensions monumentales, lui permettant de rivaliser en richesse et en puissance, avec un grand orchestre symphonique. « Aristide CAVAILLE-COLL » et ses confrères et successeurs ont ainsi laissé un patrimoine organistique prestigieux, aux quatre coins de la France et de l’Europe du nord. Cependant, cette période faste pour la facture d’orgue s’est accompagnée de nombreuses dégradations perpétrées sur des instruments d’esthétique classique. Certains d’entre eux ont même été totalement vidés de leur tuyauterie, généralement par des facteurs de moyenne réputation. Tel fut le cas à Château-Thierry. L’orgue de l’abbaye du CHARME, muet depuis 1885, a été entièrement remplacé par un instrument d’esthétique symphonique. Le petit buffet a été préservé, mais laissé vide de tuyaux. Le grand buffet, inadapté aux plans du facteur « ANNEESSENS », a été détruit et brûlé. La totalité de la partie instrumentale a été disposée dans un nouveau buffet en deux parties symétriques, dégageant le vitrail du pignon OUEST. Cet orgue, beaucoup plus lourd que le précédent, a nécessité de renforcer les structures de la tribune avec des profilés métalliques, et de remplacer les piliers chantournés en bois par les hideuses colonnes en fonte, encore présentes actuellement. L’orgue d’ « ANNEESSENS » était composé de 26 jeux répartis sur 2 claviers et un pédalier. Il a été inauguré en 1895. Pendant 70 ans, il a accompagné la liturgie en traversant sans trop de dommages les deux guerres mondiales. Au début des années « 60 », des infiltrations d’eau importantes ont affecté le pignon OUEST de l’église. Des travaux d’étanchéité ont dû être effectués. Cependant, l’orgue déjà fatigué a « pris l’eau » et s’en est trouvé très rapidement dégradé. En 1965, un démontage a été effectué. Nous arrivons alors à la configuration actuelle des orgues à l’église Saint Crépin.

Le Grand Orgue ACTUEL

En 1965, le démontage de l’orgue de 1895 a été réalisé sans que la ville de CHÂTEAU- THIERRY, propriétaire de l’église et de ses orgues, n’ait été consultée.

Puis, sous l’impulsion de Charles DUBOURG, un notable local doublé d’un musicien passionné par l’orgue, un projet de reconstruction provisoire a été lancé et intégralement financé par une souscription. Des fonds ont été collectés pendant plusieurs années, tant auprès des paroissiens que de la population « castelle » et des communes environnantes. Cet élan de générosité a permis la réalisation de ce projet sans aucun apport d’argent public. C’est le facteur « GUTSCHENRITTER » qui a mis en œuvre cette reconstruction provisoire. La totalité de la tuyauterie et des sommiers de l’orgue d’ « ANNEESSENS » a été réutilisée. Dans le même temps, l’instrument a été doté d’un troisième plan sonore, avec adjonction de 9 jeux supplémentaires. Mais le caractère « provisoire » de cet orgue a conduit les différents intervenants à construire un « orgue sans buffet », à un emplacement inapproprié sur le plan acoustique pour un instrument de cette dimension. Le Grand Orgue de « GUTSCHENRITTER » comprend actuellement 35 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier. La transmission, entre la console et les tuyaux, est électro-pneumatique: un système fragile, peu fiable et « dépassé », expliquant les « caprices sonores » qui affectent régulièrement l’instrument."

texte de Christian Eme, organiste de l'église Saint-Crépin de Château-Thierry

Description

Console

3 claviers de 56 notes et pédalier de 32 marches. Console indépendante tournée vers la nef.

Transmissions

électriques

Tuyauterie

intégralité de la tuyauterie d'Anneessens réutilisée, belle qualité sonore.

Soufflerie

un ventilateur alimente trois réservoirs à plis parallèles :

  • un pour Pédalier, Grand-Orgue et Positif
  • un pour le Récit
  • un pour les anches Grand-Orgue

Composition

I. Grand-orgue II. Positif III. Récit expressif Pédale
Bourdon 16 Principal 8 Flûte 8 Principal 16
Montre 8 Bourdon 8 Gambe 8 Soubasse 16
Bourdon 8 Principal 4 Voix céleste 8 Quinte 10 2/3
Prestant 4 Quarte de Nazard 2 Flûte 4 Principal 8
Flûte 4 Sesquialtera II Nazard 2 2/3 Quinte 5 1/3
Doublette 2 Fourniture IV Flageolet 2 Principal 4
Fourniture IV Cromorne 8 Tierce 1 3/5 Bombarde 16 (b)
Bombarde 16 (a) Cornet V (appel P8, P4, Q2, SII) Larigot 1 1/3 Trompette 8 (b)
Trompette 8 (a) Fourniture IV Clairon 4 (b)
Clairon 4 (a) Trompette 8
Basson-hautbois 8
Clairon 4
Cornet V (appel F8, F4, N2 2/3, F2, T1 3/5)

(a) jeux expressifs ; (b) emprunts GO

Accouplements : Positif/GO, Récit/GO, Récit/Positif. Tirasses GO, Positif, Récit.

Récit/GO, Récit/Pos, Récit/Récit en 16. Positif/GO, Récit/GO, Récit/Positif en 4. Récit, GO, Positif en 4. Trémolo, Tutti 16, Tutti général

Annulations unissons Récit, Positif, GO. Annulations anches Pédale, GO, Récit. Annulations mixtures GO, Positif, Récit.

État

général : Moyen en 2017. Problèmes de transmission, tuyaux manquants (pillage/vandalisme ?). Orgue intéressant qui nécessite une restauration/restitution.

Organistes

Christian Eme

Édifice et localisation

Acoustique

Trois secondes de réverbération

Carte

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Notes et références