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Sommaire

Édifice

L’église St Denis est une construction néo-gothique (1871-1879) en brique, flanquée d'un beffroi plus ancien, vestige de l'ancienne église St Ghislain. L'extérieur aurait besoin de réparations, mais l'intérieur est pimpant.

Historique (1)

Orgue des frères Damiens (Gaillon, Eure), 1875 - 1877.

Le site Wikipedia mentionné ci-dessus mentionne des dommages occasionnés au sommier lors du pillage des tuyaux de montre par les allemands en 1917.

Le sommier du G.O. a été remplacé, à une date inconnue. L'ancien sommier est visible derrière l'orgue. Il s'agit d'un sommier de facture classique, à registres. Il semble en bon état (hormis quelques attaques de vers du côté de la laye), ce qui pose la question des raisons de son remplacement. L'examen de ce sommier permet des conclusions intéressantes :

Le clavier de G.O. n'avait à l'origine que onze jeux ; un examen rapide des chapes montre qu'il n'y avait pas de basson 16, mais deux anches, sans doute trompette et clairon. En revanche, la chape du cornet comporte 17 notes graves, correspondant à un jeu de pédale (1° ut - 2° mi, ce qui est plausible) avec deux demi-registres. Comme les jeux de pédale ont été installés en 1877 seulement (cf. Wikipedia), il est possible que la pédale fut limitée à un jeu placé sur le sommier du G.O., en 1875. L'examen des chapes montre que d'autres registres ne comportaient que les dessus (flûte 8 ?...), ce qui était courant au XIX° siècle. La fourniture comportait 3 rangs dans le grave, 4 à partir de la 2° octave (à peu près). Un rang avait été bouché par la suite, dans les dessus (trous de la chape obturés avec du cuir).

Dernière restauration par Michel Garnier et Jean-Pascal Villard ; inauguration en 2001.

Entretien par Jean-Pascal Villard, puis Antoine Pascal depuis 2008.

Historique (2)

Roland Galtier, qui a assuré la maîtrise d'oeuvre de la dernière restauration, m'a communiqué l'historique suivant qui donne quelques précisions supplémentaires et apporte quelques nuances :

L’orgue d’Hellemmes n’a pas toujours été dans cette église. Il a été construit en 1875 à Beaucamps-Ligny, dans la chapelle des frères maristes. Cette construction s’est faite en deux ou trois étapes. En 1875, construction d’un orgue à un clavier (qui correspond aux 4 compartiments centraux), auquel on ajoute par la suite un second clavier de Récit, dont la tuyauterie est placée en arrière, et, en 1877, de la Pédale, qui occupe les ailes latérales.

Les frères maristes de Beaucamps-Ligny ont quitté leur chapelle le 1er août 1903, c’est sans doute à cette époque que l’orgue fut acquis par l’église d’Hellemmes, mais nous n’avons là-dessus aucun document. Il subit, à cette occasion, ou plus tard, une transformation importante : les claviers alors placés "en fenêtre" au pied du buffet, ont été placés dans un console, meuble indépendant tourné vers l’autel, ce qui a contraint a refaire entièrement la mécanique. Cette réfection s’est faite avec un maximum de réutilisation du matériel existant, recoupé, adapté plus ou moins heureusement. Le 1er mars 1917, les Allemands enlèvent la façade de l’orgue et causent quelques autres dommages. La façade a été remplacée en mai 1922, par des tuyaux en zinc fournis par le facteur Jean Talon, de Lambres-les-Douai. Diverses autres interventions plus ou moins habiles ont abouti à rendre l’instrument muet. En 1976, la paroisse faisant l’acquisition d’un orgue électronique…

Cependant, la volonté de la ville d’Hellemmes, dès 1985, fut de rendre vie à cet orgue. Quelques travaux furent alors entrepris. En 1990, l’orgue a été classé Monument Historique (arrêté du 21 novembre 1990) [à l'initiative de Bernard Hédin et Richard Fournier, titulaire]. Sa restauration fut alors sérieusement envisagée. Un cahier des charges a été établi dès 1992 par M. Bernard Hédin, alors Technicien-Conseil pour les orgues historiques. L’appel d’offres, lancé en 1996, aboutit à l’attribution du marché, le 17 septembre 1997, à la manufacture d’orgues de Flandres et d’Artois (Michel Garnier). Le délai était de 18 mois (soit un achèvement prévu pour février 1999). Cependant, les choses ne se sont pas passées de façon simple ! En janvier 1999, le maître d’œuvre est remplacé, le chantier, qui devait en être à sa phase finale, n’est en réalité effectué qu’à 18% ! Le facteur a renoncé à restaurer le sommier de Grand-Orgue, qu’il reconstruit à neuf, selon un avenant du 25 mai 1999. Les travaux avancent lentement, le facteur accumule le retard, et, début 2000, alors qu’il en est à 10 mois de retard et à 66% d’exécution, il annonce la fermeture de son entreprise. Le 28 février 2000, l’orgue est revenu dans l’église d’Hellemmes, mais il est muet, et l’entreprise Garnier est fermée ! Un nouveau marché, financé à 100% par l’État fut passé le 22 septembre 2000. Le facteur poitevin Jean-Pascal Villard acceptait de reprendre les travaux pour aboutir à l’achèvement. Ce ne fut pas pour lui tâche facile. Il fallut reprendre en partie les sommiers, y compris le sommier neuf de Garnier du clavier de Grand-Orgue, car ceux-ci n’étaient pas étanches, trier et finir de restaurer la tuyauterie, compléter les manques (en particulier le Cornet), et surtout harmoniser l’ensemble, en essayant de retrouver le caractère d’origine. Jean-Pascal Villard a fait preuve d’une patience exceptionnelle, face à un chantier particulièrement difficile.

Les frères Damiens étaient des ruraux, établis à Gaillon, tout petit village de l’Eure, avant d’être facteurs d’orgues, ils fabriquaient des charrettes. On ne sait pas exactement comment ils sont venus à la facture d’orgues. Leurs instruments ne se distinguent pas particulièrement par leur finesse et leur raffinement, mais plutôt par l’affirmation du caractère rural, comme on peut l’entendre à Hellemmes (en particulier les jeux d’anches de Pédale). L’orgue d’Hellemmes est le seul orgue d’eux qui soit conservé en Nord-Pas-de-Calais, c’est aussi l’un des plus grands qu’ils aient construit, et peut-être le dernier (en tout cas l’un des derniers).

Roland GALTIER, 7 septembre 2001

Description

Orgue en un seul corps, situé en tribune au-dessus de l'entrée principale. Console en fenêtre, à deux claviers et pédalier. Traction et registration mécaniques.

Buffet

Cf. les photos. Un plafond de plexiglas protège la tuyauterie du G.O.

Composition

I - Grand Orgue (54 notes)

II - Récit expressif (42 notes) Pédale (25 notes)
Bourdon 16 Bourdon 8 Soubasse 16
Montre 8 Solicional 8 [sic] Flûte 8
Flûte 8 Voix céleste Octave 4
Bourdon 8 Flûte harmonique 4 Basson 8 (du GO)
Viole de gambe 8 Dulciane 4 Trompette 8
Prestant 4 Cor anglais 8 Clairon 4
Doublette 2 Hautbois 8
Plein-jeu (III-IV ?) Voix humaine 8
Cornet
Basson 16 (ut 2)
Trompette 8
Clairon 4 tremolo

État

Très bon en 2012.

L'incendie relaté par la Voix du Nord le 10 Septembre 2017 n'a pas affecté l'orgue ; en revanche, un orgue numérique a effectivement été détruit par cet incendie, et une statue située sous la tribune a également souffert. Deux enfants ayant joué avec des bougies en sont à l'origine.

L'accès à l'intérieur de l'instrument est actuellement impossible, car il est fermé par des cadenas dont seul le facteur aurait la clé. Cela illustre une politique d'entretien assez absurde : dans un pays normal, les organistes normaux sont tenus d'accorder les anches régulièrement (p.ex. une fois par semaine, et avant les récitals), faute de quoi les anches jouent faux et on ne devrait plus s'en servir. Un passage du facteur tous les six mois ne peut en aucun cas suffire ! Mais en France, les orgues ont beaucoup d'anches et les organistes ne dédaignent pas, parfois, de jouer faux : c'est la "normalité" du coin. Rassurez-vous, à Hellemmes, l'organiste a des oreilles, et s'interroge aussi...

Il s'agit sans doute d'un des instruments les plus intéressants de la région, par la qualité et la diversité des timbres. L'harmonie actuelle ne sonne pas "symphonique", ni néo-classique du reste. Si elle est proche de ce que les frères Damiens ont réalisé, c'est assez étonnant ! il faudrait sans doute voir du côté des orgues de Louis Bonn pour des choses similaires (sous toutes réserves).

Le contraste avec l'orgue du T.S.S. de Fives est frappant : à Fives, c'est bien, ça marche bien, mais on s'ennuie vite. Tandis qu'ici... les jeux ont, individuellement, une "personnalité" qui en fait de bons solistes (en commençant par l'essentiel : la montre, le prestant...), tout en donnant de bons ensembles (le plenum...). Les coloris sont très raffinés (salicional 8 et dulciane 4 du récit, cor anglais...). La mécanique est excellente. La console a été remise en fenêtre, comme à l'origine, sans doute à la dernière restauration.

Cet orgue serait très apprécié, entre autres, de Philippe Lefebvre. Non content de l'avoir inauguré en 2001, il est revenu dernièrement (2010) y donner un récital.

Organistes

Richard Fournier, 1991-1998

Marie-Hélène Verslype, 2000 ...

Anne-Marie Blondeau

Antoine Blondeau (jusque vers 2010)

Sources

Site d'un tuyautier qui a contribué à la restauration, et Wikipedia.

Fiche communiquée par Roland Galtier. Précisions apportées par Antoine Blondeau et Richard Fournier.

Illustrations