Lille, St Etienne
Sommaire
Édifice
Réservé.
Historique
En bref
Construction par Daublaine & Callinet, 1840 (selon Charles Delezenne, "Note sur le ton des orchestres et des orgues", 1854, l'orgue de St Etienne aurait été "refait à neuf en 1841"). L'orgue était pourvu de trois claviers de 54 notes (42 au récit) et d'une pédale séparée de 27 notes, seul cas à Lille, à l'époque.
Composition :
I - Grand Orgue | II - Positif | III - Récit expressif | Pédale |
Montre 16 | Flûte 8 | Flûte 8 | Bourdon 16 |
Montre 8 | Solicional 8 | Gambe 8 | Flûte 8 |
Flûte harmonique 8 | Bourdon 8 | Bourdon 8 | Prestant 4 |
Bourdon 8 | Flûte octaviante 4 | Dulciana 8 | Bombarde 16 |
Prestant 4 | Doublette 2 | Prestant 4 | Trompette 8 |
Cornet V | Fourniture IV | Hautbois 8 | Clairon 4 |
Trompette 16 | Trompette 8 | Voix humaine 8 | |
1° Trompette 8 | Basson 8 | ||
2° Trompette 8 | Clairon 4 | ||
Euphone 8 | |||
Clairon 4 |
En 1854, Delezenne relève un diapason de 874,1 Hz (ou 437,05 ; température non mentionnée). Celui de l'opéra de Lille était alors, selon le même auteur, de 879,3 (439,6).
Relevage par Ducroquet (repreneur de Daublaine & Callinet), 1855.
Agrandissement par Aristide Cavaillé-Coll, en 1887, puis Charles Mutin en 1901[1], avec le concours de Charles-Marie Widor. Adjonction d'un sommier de pédale placé à l'arrière, avec transmission pneumatique ; le grand corps a donc été déplacé vers l'avant, sur la tribune agrandie par la même occasion. La console, à l'origine en fenêtre, est devenue indépendante et fait désormais face à l'orgue, à bonne distance. Adjonction et déplacement de nombreux jeux. Mutin introduit des combinaisons mécaniques à la pédale et au positif. Les combinaisons fonctionnent par rotation des tirants de registres concernés (préparation) et pédales (appel).
La montre fut, comme souvent, réquisitionnée par les troupes allemandes en 1917. Elle fut remplacée aux frais du curé vers 1927 par Séquiès, et est fort heureusement en étain. Les bouches en sont munies de rouleaux, ce qui est caractéristique de cette époque.
La composition relevée par Talon (facteur d'orgues à Lambres-les-Douai) était la suivante. Dans tous les cas, il y avait 54 notes au sommier (Ut à Fa) pour les manuels, et 30 à la pédale.
I - Grand Orgue |
II - Positif |
III - Récit expressif |
Pédale |
Montre 16 (a) | Principal 8 (b) | Quintaton 16 (d) | Contrebasse 16 (c) |
Montre 8 | Bourdon 8 (c) | Diapason 8 (e) | Quinte 10 2/3 |
Bourdon 8 | Salicional 8 | Cor de nuit 8 (c) | Flûte 8 (c) |
Prestant 4 | Unda Maris 8 | Gambe 8 | Violoncelle 8 |
Cornet V | Flûte octaviante 4 | Voix céleste 8 | Soubasse 16 (c) |
Bombarde 16 | Fourniture IV | Flûte octaviante 4 | Bombarde 16 |
Trompette 8 | Trompette 8 | Octavin 2 | Trompette 8 |
Basson 8 | Clarinette 8 | Basson 16 | |
Clairon 4 | Clairon 4 | Trompette 8 | |
Basson-Hautbois | |||
Voix humaine 8 | |||
Clairon 4 |
(a) étain à partir de Sol 1 ; bois dans les basses ; (b) 1° octave en bois ; (c) en bois ; (d) Ut1 à Fa2 en bois ; (e) Ut1 à Sol#1 en bois. Le relevé de Talon indique 5 tuyaux en bois pour la quinte de pédale, et aucun en étain : il s'agit d'une extension de la contrebasse 16, comme le rapporte Pascal en 1950.
Le 3 janvier 1950, Jean Pascal établit à la demande de Jean Cau un devis de restauration avec quelques retouches de composition dans le sens néo-classique, pour une somme de 2 600 000 Francs. Ce devis n'a pas eu de suites, sans doute faute de co-financement par la municipalité de Lille, pourtant sollicitée.
La composition relevée par Pascal est la suivante :
I - Grand Orgue | II - Positif | III - Récit expressif | Pédale |
Montre 16 | Principal 8 | Quintaton 16 | Contrebasse 16 |
Montre 8 | Bourdon 8 | Diapason 8 | Soubasse 16 |
Gambe 8 | Salicional 8 | Cor de nuit 8 | Quinte 10 2/3 |
Flûte harmonique 8 | Unda Maris 8 | Gambe 8 | Viole 8 |
Bourdon 8 | Flûte octaviante 4 | Voix céleste 8 | Flûte 8 |
Prestant 4 | Fourniture IV | Flûte octaviante 4 | Bombarde 16 |
Cornet V | Trompette 8 | Basson-Hautbois 8 | Trompette 8 |
Bombarde 16 | Clarinette 8 | Voix humaine 8 | |
Trompette 8 | Clairon 4 | Octavin 2 | |
Basson 8 | Basson 16 | ||
Clairon 4 | Trompette harm. 8 | ||
Clairon harm. 4 |
3 claviers de 54 notes, pédalier de 30 notes.
Tirasses I, II, II ; Appels d'anches I, II, III, Péd. ; Accouplements II/I, III/I, III/II ; Octaves graves I/I ; expression et trémolo III. Deux réservoirs primaires avec pompes à pied ; 2 réservoirs secondaires pour le GO, 2 pour le récit, 1 pour le positif et 3 pour la pédale. Le sommier du GO est prévu pour 56 notes, alors que ceux du positif et du récit n'en ont que 54. Abrégés avec rouleaux et équerres en bois, ces dernières très fatiguées. Transmission pneumatique tubulaire pour la pédale.
Le devis propose des aménagements de composition, concertés avec Jean Cau, comme suit :
- Au GO : suppression de la gambe 8 et du basson 8, remplacés par une flûte 4 (à cheminée dans les graves, conique dans les dessus) et une fourniture IV-V comprenant les rangs 2 2/3 et 2.
- Au positif : La fourniture existante (4 rangs, commençant 2 + 1 1/3 + 1 + 2/3, terminant 4 + 2 2/3 + 2 + 1 1/3) est qualifiée de très grave, et serait remplacée par une cymbale complémentaire de la fourniture du GO. Remplacement de la flûte octaviante 4, jugée de trop grosse taille, par une flûte 4 à cheminées dans les graves et ouverte dans les dessus, plus à même de compléter le bourdon 8. Suppression de l'Unda Maris et remplacement par une pièce gravée supportant des mutations larges 2 2/3, 2, 1 3/5 et 1 1/3 pour former un cornet en rangs séparés.
- Pas de changement au récit (note manuscrite de Jean Cau : "plein jeu ?")
- Pédale : remplacement de la viole 8 par un bourdon 8, et flûte 4 (du positif) sur un sommier neuf, plus une fourniture de 4 rangs (5 1/3, 4, 2 2/3, 2) et un clairon 4.
Pascal propose une réharmonisation par Jean Perroux, ancien de la maison Cavaillé-Coll, pour préserver le caractère de l'instrument ; annotation de Jean Cau : "Non".
Projet de restauration de l'orgue par Philippe Hartmann en 1976[2].
Restauration par Philippe Emeriau (Angers), 1993-1995. Inauguration les 1° et 4 décembre 1995 par Sophie Rétaux, Philippe Lefebvre et Antoine Drizenko.
En détail
D'après l'opuscule "L'église St Étienne de Lille", Henry Leclercq (de la commission historique du Nord), 1971 :
C'est seulement en Messidor an XIII (1804) que les Fabriciens firent l'achat "de cette machine étonnante et magnifique qu'on appelle orgue" (Tertullien, - "De anima"). Celui-ci n'ayant été payé que 2700 Fr au sous-préfet Quentin, il est permis de penser que son état était voisin du délabrement. Il remplit toutefois son office, tant bien que mal, jusqu'en 1840, époque à laquelle il fut vendu au séminaire de Cambrai.
La fabrique s'adressa alors à la Maison Daublaine-Colinet [sic], facteur d'orgues à Paris, qui livra un nouvel instrument pour la somme de 26 500 Fr. Installé par Benvignat[3], il fut inauguré en grande solennité, le jeudi 29 octobre 1840, par une "Commission d'Amateurs et d'Artistes de la Ville et des environs choisis à cet effet par le Conseil de Fabrique", dont Alexandre-Charles Fessy et Félix Danjou.
Plusieurs années d'usage avaient rendu nécessaires de sérieuses restaurations : en 1855, par Ducroquet, en 1887 et 1901, par la Maison Martin [sic – il s’agit de Mutin], successeur de Cavaillé-Coll. Après la guerre de 1914-1918, il fallut remplacer les 101 tuyaux des jeux enlevés par les Allemands le 27 octobre 1917. Actuellement, l'orgue comporte 39 jeux.
La tribune a fait, elle aussi, l'objet d'une importante transformation.
Dès le 6 avril 1882, le Conseil de Fabrique avait formé le projet de remplacer l'échafaudage assez rudimentaire sur lequel l'orgue reposait, par une tribune monumentale "en harmonie avec le caractère de l'église". Mais les ressources de la paroisse n'ont pas permis d'entreprendre les travaux avant 1886.
Le 22 novembre 1885, l'architecte Albert Contamine présenta un plan comprenant le buffet et la tribune à laquelle on accédait par deux vis de St Gilles. Le 27 février 1886, l'adjudication fut prononcée en faveur de l'entreprise Lys-Tancré.
Sans vouloir tenter une description minutieuse, il suffit de préciser que cette tribune, qui s'avance en promontoire dans le doxal de la grande nef, prend appui sur quatre colonnes en fonte (de 16 cm de diamètre) adroitement dissimulées dans les boiseries. Quant aux sculptures du buffet, la finesse du trait et la patine pourraient laisser supposer qu'il s'agit de vestiges du XVIII° siècle ajustés sur un bâti moderne. Il n'en est rien. Le devis de l'architecte mentionne expressément que : "le couronnement de l'orgue comprendra une statue en chêne du St Roi David et deux anges avec emblèmes", qui devront être exécutés par l'entreprise adjudicataire.
Description
Orgue en un seul corps. Sommiers de pédale diatoniques en deux parties, à droite et à gauche contre les parois latérales du buffet au même niveau que le GO, plus la contrebasse 16 sur un sommier spécial à soupapes individuelles, contre le mur du fond à un mètre au-dessus du sol. Le sommier du récit est placé perpendiculairement au buffet, au centre et en haut, avec des jalousies sur trois faces. Console séparée faisant face à l'orgue, à bonne distance, ce qui procure une excellente audition à l'organiste.
La partie instrumentale est à la fois homogène et variée, tant les fonds que les anches, la "couche" Daublaine & Callinet étant bien présente, à l'exemple de la trompette et du clairon du positif. La fourniture (résultante 8) est d'Émeriau.
Composition
Lille, St Étienne - Composition (2015) | |||
I - Grand Orgue | II - Positif | III - Récit expressif | Pédale |
Montre 16 | Principal 8 | Quintaton 16 | Contrebasse 16 |
Montre 8 | Bourdon 8 | Diapason 8 | Soubasse 16 |
Bourdon 8 | Salicional 8 | Cor de nuit 8 | Quinte 10 2/3 |
Flûte harmonique 8 | Unda Maris 8 | Gambe 8 | Flûte 8 |
Gambe 8 | Flûte octaviante 4 | Voix céleste 8 | Violoncelle 8 |
Prestant 4 | Fourniture III | Flûte octaviante 4 | Bombarde 16 |
Cornet V | Trompette 8 | Octavin 2 | Trompette 8 |
Bombarde 16 | Clarinette 8 | Basson 16 | |
Trompette 8 | Clairon 4 | Trompette harmonique 8 | |
Basson 8 | Clairon harmonique 4 | ||
Clairon 4 | Basson & hautbois 8 | ||
Voix humaine 8 |
Tirasses I, II, III ; Appel GO, octaves graves GO; accouplements II/I, III/I, III/II ; appels des jeux de combinaison Ped, I, II, III.
Une particularité est que les appels positif et pédale sont mécaniques : les tirants de registres sont tournants. Les jeux ainsi préparés sont appelés et repoussés par une pédale unique avec ressort de rappel (dans le cas de la pédale), ou deux pédales à simple effet se repoussant mutuellement, dans le cas du positif.
Manuels : 56 notes ; pédalier : 30 notes.
Je n'ai pu vérifier la composition de la fourniture, qui était en 1917 à quatre rangs basés sur le 2'. La fourniture actuelle, à résultante 8, est d'Émeriau.
État
Bon en 2012, mais la tribune semble fléchir, ce qui entraîne des dérèglements de la mécanique. L'état de l'édifice est lui-même préoccupant : les enduits de la voûte s'effritent ; un filet a dû être tendu au-dessus d'une partie de la nef.
Assez bon en 2015 ; le déréglage de la mécanique fait que les accouplements fonctionnent mal.
Organistes
Selon (entre autres) les indications figurant sur un panneau d'affichage :
En 1840, Mallet, ancien organiste de Ste Catherine
... - 1844 Jean-Baptiste Mazingue (+1860)
... - 1865 Leplus, démissionnaire le 19 mai
... 1875 ... - 1902 Ernest Mazingue, démissionnaire le 6 juillet
1902 - 1906 (décès) Gustave Deckers
1906 ... 1911 ... Maurice Dominique, anciennement organiste de chœur à St Maurice
... 1921 ... 1928 ... 1933 ... 1934 ... Alphonse Jouglet
1948 (probablement) - 1994 Jean Decarme, succédant à Alphonse Jouglet, décédé.
1994 - [actuellement en 2024] Antoine Drizenko, depuis le 1° juillet
Illustrations
Sources
Fonds Jean Cau des Archives Départementales du Nord.
Article d'Étienne Delahaye pour Orgues Nouvelles.
Affichages divers en l'église.
Mémoire de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts, 1854 (avec un article de Delezenne sur les diapasons)
- ↑ JdR 06/11/1901
- ↑ Fonds Hartmann : archives départementales du Jura, 159J87
- ↑ Charles-César Benvignat, architecte, né à Boulogne-sur-Mer en 1805, décédé à Lille en 1877. On lui doit : la colonne de la "Déesse" [statue ornant la grand'place], le socle de la statue de Napoléon et la fâcheuse "restauration" de la Bourse de Destré. [note de bas de page du même auteur dans un autre chapitre]