Saint-Quentin, Basilique : Différence entre versions

De Orgues en Hauts-de-France
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La reconstruction fut confiée en 1961 à la manufacture Haerpfer-Erman, de Boulay (Moselle).
L'inauguration a lieu les 27 et 28 mai 1967, assurée par Jean-Jacques Grunenwald et Henri Doyen.
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Etat de 1967, selon l'article de Félix Raugel (cf. sources). On relève quelques caractéristiques de l'époque néo-classique&nbsp;:
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* résultantes de 16 (= rang 5 1/3) évitées, sauf dans l'extrême aigu, ou bien  
 
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* isolées sur un registre (ici, la Grosse Fourniture) ; cette "recette", d'ailleurs très utile, allait être reprise par d'autres facteurs tels qu'Alfred Kern. L'arrivée d'une résultante 16 sur le 4° ut, comme ici, est vraiment tardive, la facture classique la prévoyant souvent au 3° fa, voire encore plus tôt dans les très grands instruments&nbsp;;
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* isolées sur un registre (ici, la Grosse Fourniture) ; cette "recette", d'ailleurs très utile, allait être reprise par d'autres facteurs tels qu'Alfred Kern. L'arrivée d'une résultante 16 sur le 4°&nbsp;ut, comme ici, est vraiment tardive, la facture classique la prévoyant souvent au 3°&nbsp;fa, voire encore plus tôt dans les très grands instruments&nbsp;;
 
* schéma de reprises complexe, avec reprises de quinte, et évitant les coïncidences entre différentes mixtures afin de "masquer" les reprises dans les grands ensembles (plenum ou tutti néo-classique avec mixtures et anches)
 
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* souci d'éviter les reprises dans l'ambitus mélodique (en gros, ut ou ré 3 - sol ou la 4)
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Version actuelle datée du 25 septembre 2023 à 06:43

Avertissement

Voir la page Saint-Quentin, Basilique (2023) concernant l'orgue tel que reconstruit en 2023.

Historique

Les origines

Selon André Raugel, la première mention qui nous est faite de l'instrument se trouve dans un compte de la sénéchaussée du Vermandois, consigné par Claude Emmeré. Ce compte nous apprend que, l'an 1329, l'orgue étant en mauvais état dut être réparé par Bauduin Corbisson. Ce facteur est un des plus anciens facteurs français connus. Quant à l'orgue, il était situé dans la première croisée sud. En 1455, le chapitre décidait de placer de nouvelles orgues contre la tour St Michel. Après un incendie survenu en 1545, de nouvelles orgues furent installées ; elles furent, en 1620, "raccomodées et augmentées de pédales et d'autres nouveaux jeux par maître Crespin [Carlier] natif de la ville de Laon et très excellent facteur d'orgues, moyennant la somme de 2000 livres".

L'orgue Robert Clicquot

Nouvel incendie en 1669, qui détruisit les orgues. Des potiers d'étain récupérèrent ce qu'ils pouvaient dans les décombres et offrirent les lingots au chapitre. Le Chapitre attribua à Robert Clicquot, vainqueur de l'appel d'offres, un nouvel orgue le 26 novembre 1694.

La construction de la tribune est confiée à un maître sculpteur saint-quentinois : Henri Gérard de la Motte. Le buffet est dessiné par Jean Berain et réalisé par Pierre Vaideau, respectivement dessinateur et menuisier au service du Roi. Cet instrument est terminé en 1703. Sa composition était (selon André Raugel) :

I - Positif dorsal II - Grand Orgue III - Récit IV - Echo Pédale
Montre 8 Montre 16 Cornet (d) Bourdon 8 (a) Flûte 12
Bourdon 8 Bourdon 16 Trompette (d) Prestant 4 (a) Flûte 6
Prestant 4 Jeu ouvert 8 Nasard 2 2/3 (b) Trompette 12
Flûte 4 Bourdon 8 Quarte de nasard 2 (b) Clairon 6
Nasard 2 2/3 Prestant 4 Tierce 1 3/5 (b)
Doublette 2 Flûte 4 (c) Fourniture III
Quarte de Nasard 2 Grosse tierce 3 1/5 Cymbale II
Tierce 1 3/5 Nasard 2 2/3 Cromorne 8
Larigot 1 1/3 Doublette 2 Voix humaine 8
Fourniture IV Quarte de Nasard 2
Trompette 8 Petite tierce 1 3/5
Cromorne 8 Grand cornet V (Ut 3)
Clairon 4 Grosse fourniture III
Petite fourniture II
Cymbale IV
Cromorne 8
Voix humaine 8
Trompette 8
Clairon 4

(a) sur un seul registre ; (b) sur un autre registre ; (c) bouchée, selon A. Raugel ; (d) de l'orgue précédent

Étendue des claviers : 50 notes (Ut 1 - Ré 5 sans premier Ut #) pour les deux premiers, 34 notes (fa 2 - ré 5) pour les deux derniers, et 35 notes (Fa 0 - Ré 3) pour la pédale. Selon A. Raugel, l'écho aurait été prévu à 39 notes (commençant donc au 2° Ut), mais sans doute pas réalisé ainsi, car attesté à 34 notes plus tard : les sommiers ne rétrécissent pas à l'usage...

L'orgue fut inauguré par Pierre Du Mage. Il traversa le XVIIIè siècle et la révolution sans encombre. Une réparation importante fut effectuée par François Thierry en 1737 pour 5000 livres, et Claude Deschamps intervint aussi en 1751, pour un montant de 207 livres. C'est probablement François Thierry qui est à l'origine des modifications de composition[1], à savoir :

  • au positif, cymbale et cornet au lieu de flûte 4 et quarte de nasard ; la trompette est divisée en basses & dessus (ce qui était peut-être déjà le cas)
  • au grand orgue, dessus de flûte 8 (Ut 2) au lieu de Flûte 4 ; plus de grosse tierce ; Bombarde 16 et 2° Trompette 8 à la place du cromorne
  • au récit, Flûte 8, Bourdon 4 et Doublette à la place du Cornet[2].

L'orgue Antoine Sauvage

En 1845, une restauration complète est confiée à Antoine Sauvage, facteur d'orgues au Petit Montrouge dans la banlieue de Paris et disciple d'Aristide Cavaillé-Coll, qui installe alors une machine Barker et effectue des modifications dans l'esthétique romantique naissante. Il en résulta la composition suivante :

Grand Orgue Positif Récit expr. Pédale
Montre 16 Bourdon 16 Flûte harm. 8 Flûte 32
Violoncelle 16 Montre 8 Gambe 8 Flûte 16
Bourdon 16 Flûte 8 Bourdon 8 Flûte 8
Montre 8 Salicional 8 Flûte harm. 4 Flûte 4
Flûte traversière 8 Bourdon 8 Octavin 2 Bombarde 32
Flûte 8 Gambe 8 Cor anglais 16 Bombarde 16
Gambe 8 Prestant 4 Trompette harm. 8 Basson 16
Bourdon 8 Salicional 4 Voix humaine 8 Trompette 8
Prestant 4 Doublette 2 Hautbois 8 Clairon 4
Gambe 4 Cornet
Nasard 2 2/3 Basson 8 Tremolo
Doublette 2 Trompette 8
Fourniture Euphone 8
Cymbale Clairon 4
Cornet
Bombarde 16
Trompette harm. 8
2è trompette 8
Clairon 4

Claviers de 54 notes, pédalier de 30 notes (Ut à Fa), mais 25 notes seulement au sommier (Ut 1 à Ut 3), le reste en tirasse.

L'inauguration eut lieu le 6 juin 1850, l'orgue étant tenu par Lefébure-Wély et Riballier, ce dernier organiste à Soissons.

Combinaisons : Tirasse GO ; octaves aiguës de la pédale ; anches pédale ; anches GO (3 pédales : basses, tutti, dessus) ; POS/GO ; R/GO ; Octaves graves GO, P, R.

En 1888, Auguste Brisset effectue un relevage.

En 1917, la tuyauterie est fondue, la mécanique détruite et le buffet sérieusement endommagé. Ce dernier est restauré parallèlement à la remise en état de la Basilique.

L'orgue Haerpfer-Erman

La reconstruction fut confiée en 1961 à la manufacture Haerpfer-Erman, de Boulay (Moselle). L'inauguration eut les 27 et 28 mai 1967, assurée par Jean-Jacques Grunenwald et Henri Doyen.

Il était alors l'orgue le plus imposant de Picardie.

Illustrations et informations disponibles à cette adresse : http://inventaire.picardie.fr/docs/PALISSYIM02004587.html

Description

Console

Console en fenêtre. 4 claviers de 61 notes et pédalier de 32 notes. Tirage de jeux par tirants situés de part et d'autre des claviers. Tirasses, accouplements et annulateurs par dominos au-dessus des claviers doublés de poussoirs au-dessus du pédalier.

Transmissions

Traction mécanique pour les claviers et le pédalier, électriques pour les jeux. L'accouplement Récit / Grand Orgue est électrique. Les tirasses et accouplements sont manœuvrés par un appareillage électropneumatique.

Sommiers

Sommiers à registres en chêne de la forêt d'Ottonville (près de Boulay, siège de la maison Haerpfer). Le sommier du grand orgue est au centre, celui du récit immédiatement derrière, l'écho est au-dessus des claviers. Les sommiers de pédales, diatoniques, sont placés sur les côtés. Le principal 32 et la bombarde 32 sont placés sur moteurs pneumatiques.

Tuyauterie

Tuyauterie de bois réalisée en sapin des Vosges et en acajou. Tuyaux de métal en étain, étoffe[3] ou cuivre rouge[4].

Soufflerie

Ventilateur Meidinger. Soufflerie primaire à 160 mm pour l'alimentation du tirage des jeux. Les pressions étaient, en 1967, de 75 mm au Grand Orgue, 65 mm au positif, 95 mm au récit, 55 mm à l'écho, et 85 mm à la pédale.

Composition

Composition en 1967

I. Positif II. Grand-Orgue III. Récit expressif IV. Echo Pédale
Montre 8 Montre 16 Quintaton 16 Cor de nuit 8 Principal 32
Bourdon 8 Bourdon 16 Principal 8 Flûte à fuseau 4 Principal 16
Gemshorn 8 Montre 8 Flûte harmonique 8 Quarte de nasard 2 Soubasse 16
Prestant 4 Bourdon 8 Cor de nuit 8 Piccolo 1 Principal 8
Flûte 4 Spillflöte 8 Dulciane 8 Sesquialtera II Flûte 8
Nasard 2 2/3 Gros nasard 5 1/3 Unda maris 8 Cymbale IV Bourdon 8
Doublette 2 Prestant 4 Prestant 4 Chalumeau 8 Principal 4
Blockflöte 2 Flûte à cheminée 4 Flûte 4 Flûte 4
Tierce 1 3/5 Grosse Tierce 3 1/5 Doublette 2 Principal 2
Larigot 1 1/3 Doublette 2 Cornet III Flûte 2
Fourniture V Quarte de nasard 2 Fourniture V Cornet III
Cymbale IV Cornet V Cymbale IV Fourniture VI
Cromorne 8 Grande fourniture VIII Bombarde 16 Bombarde 32
Trompette 8 Petite fourniture IV Trompette 8 Bombarde 16
Clairon 4 Cymbale IV Hautbois 8 Ranquette 16
Bombarde 16 Voix Humaine 8 Trompette 8
Trompette 8 Clairon 4 Clairon 4
Clairon 4 Clairon 2

Accouplements : Positif/GO, Récit/GO, Récit/Positif, Echo/GO, Echo/Récit, Echo/Positif Tirasses GO, Positif, Récit, Echo. Annulations anches et annulations mutations pour chaque plan sonore. Trémolo Récit.

La composition ne semble pas avoir évolué (en 2017).

Composition des mixtures

État de 1967, selon l'article de Félix Raugel (cf. sources). On relève quelques caractéristiques de l'époque néo-classique :

  • plafond dépassant le 1/8 pied, qui était la limite habituelle à l'époque classique ; ici, on atteint le 1/12 (et Gonzalez pratiquait parfois le 1/16, comme à Soissons) ;
  • résultantes de 16 (= rang 5 1/3) évitées, sauf dans l'extrême aigu, ou bien
  • isolées sur un registre (ici, la Grosse Fourniture) ; cette "recette", d'ailleurs très utile, allait être reprise par d'autres facteurs tels qu'Alfred Kern. L'arrivée d'une résultante 16 sur le 4° ut, comme ici, est vraiment tardive, la facture classique la prévoyant souvent au 3° fa, voire encore plus tôt dans les très grands instruments ;
  • schéma de reprises complexe, avec reprises de quinte, et évitant les coïncidences entre différentes mixtures afin de "masquer" les reprises dans les grands ensembles (plenum ou tutti néo-classique avec mixtures et anches)
  • souci d'éviter les reprises dans l'ambitus mélodique (en gros, ut ou ré 3 - sol ou la 4)

Ut 1 Mi 1 Sol 1 La 1 Ut 2 Ré 2 Fa 2 Sol 2 La 2 Sib 2 Ut 3 Ré 3 Fa 3 Ut 4 Fa 4 Sol 4 La 4 Si 4 Ut 5 Ré 5 Fa 5 Sol 5
GO : 2 2/3 4 5 1/3 8
GF VIII 2 2 2/3 4 5 1/3
1 1/3 2 2 2/3 4
1 1 1/3 2 4
2/3 1 1 1/3 2 2/3
2/3 2/3 1 1/3 2 2/3
1/2 2/3 1 2
1/2 1/2 1 2
GO : 1 1 1/3 2 2 2/3 4
PF IV 2/3 1 1 1/3 2 2 2/3
1/2 2/3 1 1 1/3 2
1/3 1/2 1 1 1/3 1 1/3
GO : 1/2 2/3 1 1 1/3 2 2 2/3
CY IV 1/3 1/2 2/3 1 1 1/3 2
1/4 1/3 1/2 2/3 1 1 1/3
1/6 1/4 1/3 1/2 2/3 1 1/3
POS : 1 1/3 2 2 2/3 4 5 1/3
F V 1 1 1/3 2 2 2/3 4
2/3 1 1 1/3 2 2 2/3
1/2 2/3 1 1 1/3 2
1/3 1/2 2/3 1 2
POS : 1/3 1/2 2/3 1 1 1/3 2 2 2/3
CY IV 1/4 1/3 1/2 2/3 1 2 2 2/3
1/6 1/4 1/3 1/2 2/3 1 1/3 2
1/8 1/6 1/4 1/2 2/3 1 1/3 2
REC : 2 2 2/3 4 4 5 1/3 8
F V 1 1/3 2 2 2/3 2 2/3 4 5 1/3
1 1 1/3 2 2 2 2/3 4
2/3 1 1 1/3 2 2 2 2/3
1/2 2/3 1 1 1/3 1 1/3 2
REC : 1 1 1/3 2 2 2/3 2 2/3 4
CY IV 2/3 1 1 1/3 2 2 2 2/3
1/2 2/3 1 1 1/3 1 1/3 2
1/3 1/2 2/3 1 1 1/3 2
ECHO : 1/2 2/3 1 1 1/3 2 2 2/3 2 2/3
CY IV 1/3 1/2 2/3 1 1 1/3 2 2 2/3
1/4 1/3 1/2 2/3 1 1 1/3 2
1/6 1/4 1/3 1/2 2/3 1 2
PED : 4
F VI 2 2/3
2
1 1/3
1
2/3

État

assez bon en septembre 2017. Un projet de restauration associé à la restauration du buffet est en cours d'élaboration. Entretenu depuis 2003 par Daniel Decavel.

Édifice et localisation

Carte

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Notes et références

Sources

André Raugel, les Grandes Orgues et le organistes de la basilique de Saint-Quentin, Imprimerie de la Presse de Seine-et-Oise, Argenteuil, 1925

Félix Raugel, les Grandes Orgues et le organistes de la basilique de Saint-Quentin, dans L'Orgue n°122-123, 1967

Visite impromptue, novembre 2014 (A. Magnien)

  1. date non précisée par A. Raugel
  2. plus des modifications possibles à la pédale (suppression du ravalement ??) difficiles à établir avec certitude
  3. désignation traditionnelle (cf. Dom Bedos...) d'un alliage étain-plomb à 30% d'étain
  4. probablement pour la bombarde 32 ; le cuivre était en vogue à l'époque pour les résonateurs de grande taille, cf. aussi Amiens. La contrebombarde d'Amiens fut d'ailleurs démontée en 1965... et transférée ici ?